Share This Article
Newsletter
Voilà belle lurette que vous ne croyez plus que les spaghetti poussent dans les champs. On ne vous y reprendra plus, c’est du blé, vous avez grandi, vous le savez ! Néanmoins, je mettrais ma main sous une roulette à pizza qu’il vous reste, de-ci de-là, quelques idées reçues sur la question. Faisons-en rapidement le tour et tâchons de remédier à cela !
Tous les spaghetti sont des pâtes, toutes les pâtes ne sont pas des nouilles, les spaghetti sont des pâtes, les spaghetti ne sont pas des nouilles. Vous suivez toujours ? Bene, nous pouvons continuer. Si néanmoins quand vous pensez « pâtes », vous pensez « petite casserole de la taille d’un bol et grands spaghettis qu’il vous faut couper en quatre » , 1) pour les faire rentrer dans le minuscule récipient que vous leur destinez et 2) parce que votre mère, qui avait jadis vu un vieux film italien en noir et blanc, vous a affirmé (fermement convaincue de ses dires) que c’est ainsi que l’on fait en Italie…aie, aie, aie, mamma mia et tutti quanti, autant fabriquer des baguettes rondes et tartiner votre foie gras !
1) les spaghetti, comme toutes les pâtes, ont besoin d’eau, comme nous avons besoin d’air. Il leur faut donc un GRAND récipient et BEAUCOUP d’eau. Le gros sel, uniquement à ébullition, tu ajouteras.
2) Jamais, MAI (pron. M-aie), tu couperas tes spaghetti avant, pendant et/ou après la cuisson ! MAI, sauf si votre cher/chère et tendre est italien/italienne, que vous êtes en train de vous disputer et que vous cherchez, de façon discrète et insoupçonnable, à provoquer une crise cardiaque chez la personne en question. MAI !
3) Votre maman a dit vrai ! Dans les vieux films italiens en noir et blanc on coupe bien les spaghetti en quatre, mais, à l’époque, on les achetait au poids, chez l’épicier et ils étaient quatre fois plus grands qu’aujourd’hui ! Donc, comme il ne vous viendrait jaaaamais à l’idée de faire bouillir du lait UHT, per favore, cessez de couper vos spaghetti.
Pour la question du « al dente », je vous fais confiance, tout le monde sait que les Italiens mangent leurs pâtes « al dente », c’est juste trois minutes avant ce que vous croyez…(quand en croquant votre pâte, vous apercevez à l’intérieur un petit point blanc de la taille d’une tête d’aiguille).
Récapitulons : vos pâtes sont cuites, votre table est dressée, la sauce tomate trône, fière, généreusement répartie sur son monticule de serpentins dorés – vtelle un empereur sur un col romain -, serviette à carreaux, (joli, très film années 50, l’Italie comme on l’aime), un bon vin, le parmigiano servi à part ….bene, bene… que vois-je ? Telle une lichette de vinaigre dans mon Chianti, gisant innocemment à côté de votre assiette…une cuillère !
4) Les spaghetti sans cuillère tu mangeras.
La cuillère est une idée reçue à laquelle, en toute bonne foi, on aurait envie de croire…la cuillère est aux spaghetti ce que le père noël est aux cadeaux…
Votre cuillère écartée en douce de votre magnifique table, il ne vous reste qu’à rouler vos spaghetti.
Premièrement, « rouler » les spaghetti est un problème tout étranger, en Italie, on ne « roule » pas ses spaghetti, on les « mange » (il va de soi que le fait de les manger implique qu’ils se retrouvent habilement entourés autour d’une fourchette, mais c’est naturel, pas besoin de l’exprimer, c’est così e basta).
Assis dans une trattoria, les gens se sentant irrémédiablement attirés par une assiette de spaghetti italiens, vrais de vrais, il est courant d’observer, au détour des tables, différentes manières de traiter la question.
Vous avez bien entendu la technique « de la cuillère » ou « du couteau », déjà abordée plus haut, suivie de la technique « japonaise » consistant à aspirer les pâtes en repeignant la chemise de son voisin d’en face (technique nettement plus efficace avec des pâtes de riz), concurrencée par celle « du tourne disque » consistant à faire tourner trop de spaghetti, en finissant par entrainer dans un vortex la totalité du contenu de l’assiette, et, infine, « LA technique », la seule, la vraie, l’authentique, l’inimitable, celle que vous allez désormais adopter :
5) de l’art de rouler les spaghetti
Fourchette légèrement inclinée, on soulève trois ou quatre unités de pâtes que l’on va, délicatement, enrouler autour de la pointe de la fourchette, dans un coin de l’assiette, tout en veillant à ce que la dernière extrémité ne pendouille pas dans le vide. Puis, avec une élégance toute naturelle….vous savez manger des spaghetti !
Nota Bene : un scenario, des scenarii ; un spaghetto, des spaghetti.