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Durant les mois d’été, rien de tel qu’un parcours dans les terres du Carso, à travers les osmize de la région. Une réserve naturelle aux couleurs uniques. Un haut plateau rocheux qui s’étend du nord-est de l’Italie à l’extrême nord-ouest de la Croatie, de l’Isonzo à la mer Adriatique. Panneaux bilingues et histoire difficile dans cette zone frontalière… Et pourtant, le territoire, les langues et les traditions se sont, au fur et à mesure, mélangées pour dépasser les conflits. Aujourd’hui, c’est toute une nouvelle réalité sociale et culturelle que nous vous proposons de découvrir à travers un itinéraire des plus typiques, parmi les osmize italo-slovènes !
Une petite voiture, un budget des plus risibles et vous voilà fin prêt à partir à la découverte des territoires du Terrano. Un voyage passionnant vers les osmize (ou osmizze) de Trieste ! Les osmize sont des petits établissements où l’on peut boire du vin et manger des produits locaux (œufs, jambons, saucissons et fromages) directement chez l’agriculteur qui les produit. Elles ne sont ouvertes que quelques semaines par an (dates d’ouverture des osmize) et, pour les trouver, il suffit de suivre les branches d’arbre, coupées et fixées le long de la route ou devant l’osmiza.
La première étape est dans la province de Goriziana, à Corona. L’osmiza la plus connue ici est la Celestina. Fermée en juillet, la signora Celestina, aura toujours grand plaisir à ouvrir les portes de son petit chez soi pour raconter ses histoires et partager, avec vous, chacun de ses produits – même en-dehors de la saison ! Vous apprendrez alors certaines de ses anecdotes (nombreuses depuis 50 ans d’activité) et la genèse de l’osmiza (l’histoire d’une maison de paysans qui ouvre ses portes dans les années 60 pour payer les frais du tracteur).
Aujourd’hui, c’est le fils qui s’occupe du vignoble et des animaux. Entre ses activités de paysan et son travail de pompier, il trouve encore un peu de temps pour partager, quelques fois, un bon verre de Merlot avec ses visiteurs. Vous aurez, ainsi, l’impression de voyager dans une contrée lointaine. Un pays où l’on bosse dur mais où l’on parvient à apprécier les fruits de son travail – fait avec passion et dévouement. Et les voyageurs en sont ravis ! Ils reviennent chaque année pour rendre visite à leur désormais amie, Celestina. Les soirées privées en sa compagnie sont des plus agréables ! Ce n’est pas un hasard si, presque tous, continuent à lui envoyer de jolies cartes postales – collectionnées et affichées avec grande fierté par la vieille dame !
La seconde étape est dans le Carso de Trieste à Duino-Aurisina : l’osmiza du jeune trentenaire Ivan Gabrovec. Au menu, de nombreux jambons à manger à l’ombre d’un immense Noyer : jambon cru, jambon rôti accompagné de raifort, un délicieux jambon d’Istrie et faux-filet d’Istrie (l’ombolo et la lombata istriana) sans oublier l’ossocollo (charcuterie typique de Trévise, préparée avec la viande située autour du cou du cochon), les légumes à l’huile et l’œuf dur traditionnel. Pour vous désaltérer, goûtez à la malvasia (vin blanc doux et pétillant) à 4€ le litre.
Pour ceux qui souhaitent franchir la frontière, vous trouverez quelques osmize en Slovénie comme celle de Kosmina à Brje pri Komnu, un petit bourg slovène. Menu bilingue (italien/slovène), avec des jambons et des fromages comme en Italie et des gâteaux de la tradition du Carso : le strucolo (alternative au strudel)
Après une telle expérience, vous ne serez plus le simple touriste qui découvre des traditions dépassées, appartenant à un peuple sans véritable identité. Au contraire ! Partager un repas avec les paysans du Carso, c’est rencontrer un peuple à part, ayant sa propre culture, ses produits, ses spécialités et son dialecte mi-italien, mi-slovène !
Crédits photos : cucchiaio.it, frascheprivateosmiz