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Vade-mecum pour découvrir 5 endroits originaux, amusants et insolites de la ville la plus romantique d’Italie : Venise. Loin des hordes de touristes, découvrez ces lieux merveilleux que seules quelques personnes (même parmi les vénitiens) connaissent !
Première étape : jouer aux espions dans un célèbre casino vénitien
Au XVIII° siècle, le jeu était une activité assez courante auprès des Vénitiens – et pour cause, au milieu du siècle, on comptait bien 18 casinos aux alentours de la Piazza San Marco. Il s’agissait de lieux privés dans lesquels on pariait aux dés ou aux cartes, on se laissait aller à des conversations plus ou moins intimes et on faisait de belles rencontres.
Parmi ces 18 casinos : le Casino Venier. Aujourd’hui resté intact, il est devenu le plus fascinant de la ville.
Depuis 1987, les locaux sont utilisés par de l’association culturelle italo-française Alliance Française. En plus des cours de langue, événements culturels et revues cinématographiques, le Casino propose des visites publiques, intéressantes et ludiques.
Le Casino Venier se situe entre le Pont Rialto et San Marco, dans la mezzanine d’un édifice peu apparent. De l’extérieur, qui pourrait imaginer découvrir une telle richesse entre ces murs ?
Une fois entré dans le Casino, avancez secrètement vers le “liagò” (balcon couvert qui donne sur le Pont Baretteri) et découvrez le judas. Cette ouverture dans le sol en marbre de la salle d’entrée permettait d’observer, sans être vu, toutes les personnes qui se trouvaient devant la porte, juste sous le pont – et de fuir en vitesse, au cas où …
Seconde étape : découvrir la potion secrète (et magique !) qui guérissait de tous les maux
Un détail, certes, mais témoin d’une longue histoire ! D’où provient donc cette trace au sol située juste en face de la pharmacie à l’angle du Campo Santo Stefano et de la « calle dello Spezier » (synonyme de « farmacista », pharmacien) ? Le cercle est bien trop parfait pour avoir été causé par l’érosion naturelle. De quoi s’agit-il ?
Peu de personnes le savent mais c’est ici, la marque des chaudrons utilisés, autrefois, par les pharmaciens vénitiens. De lourds chaudrons au contenu miraculeux puisqu’ils servaient à la préparation de la Teriaca (La panacée).
A Venise, seules 40 pharmacies avaient obtenu le permis de fabriquer cette potion (presque) magique qui guérissait d’un grand nombre de maladies. L’ingrédient principal était la poudre de vipère. On utilisait également des épices importées du Moyen-Orient ainsi que des ingrédients plus originaux, comme la corne de licorne (ou, en réalité, une dent de narval) et l’opium. Les ingrédients devaient être exposés publiquement pendant 3 jours pour en garantir l’authenticité (vipères vives incluses). Puis, sous les yeux du représentant de la Santé, débutait la véritable fabrication alchimique de la potion, dont les vertus semblaient infinies : elle pouvait guérir de la peste, des piqûres de scorpion, de la tuberculose…
Au XVII siècle Venise jouissait d’une renommée mondiale pour la préparation de la Teriaca. Elle exportait même en Europe, en Turquie et en Arménie.
L’auriez-vous deviné en voyant cette simple trace sur la photo ?
Troisième étape : Regarder le Palazzo Ducale comme un condamné à mort
Regardez attentivement : deux colonnes de la loge supérieure du Palazzo sont rose (alors que toutes les autres sont blanches).
Ce détail – assez évident de jour – ne semble susciter aucune question auprès de tous ceux qui le remarquent sur la Piazza San Marco. Pourtant, il existe bel et bien une raison à cet effet de style – et elle n’a rien d’un caprice esthétique : c’est à cet endroit que le Doge annonçait la sentence des condamnés à mort. L’échafaud d’exécution était installé juste entre les deux colonnes, face à la Torre dell’Orologio. De cette façon, le condamné pouvait voir l’heure exacte à laquelle sa vie prenait fin. Le rose ? Il rappellerait la couleur du sang des condamnés.
Quant aux deux petites lampes, toujours éclairées, sur le côté sud-ouest du Palazzo Ducale, elles sont là pour rappeler une affreuse erreur judiciaire, celle qui a porté un homme innocent – le boulanger Piero Tasca (torturé jusqu’aux aveux forcés) – à être condamné à mort le 22 mars 1507.
Quatrième étape : déjeuner à Castelletto dans le quartier des “Carampane”
Rendez-vous à la Trattoria Antiche Carampane, en bref : l’un des meilleurs endroits où manger à Venise ! L’unique problème : pour y arriver, il faut connaître ! Caché parmi les « campielli » (petits squares vénitiens), près du marché de poissons du Rialto et à Campo San Polo, c’est une de ces adresses que l’on préfère garder pour soi.
L’établissement est fréquenté par une clientèle de choix composée de vénitiens et de touristes qui aiment à se sentir chez eux, dans cette ville italienne (parmi eux, notons l’actrice Audrey Tautou et Mr Cipriani). Sans surprise, le restaurant ne propose : “No Pizza, No Lasagne, No Menù Turistico” (Pas de Pizzas, Pas de lasagnes, Pas de Menu touristique) comme l’indique le panneau à l’entrée.
L’atmosphère y est très agréable : trattoria familiale et authentique.
Quant au menu, c’est à s’en lécher les babines : principalement à base de poissons, très frais et choisis avec soin sur le marché chaque matin. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’établissement ferme ses portes le dimanche et le lundi. En effet, les pêcheurs ne travaillent pas le dimanche et, tout bon restaurant de poisson qui se respecte, ne peut faire autrement et s’octroie deux petits jours de repos !
Avec la belle saison, vous pourrez aussi choisir une table en terrasse. Les plus audacieux découvriront même ce qu’entendent les vénitiens derrière le terme « carampana » – un terme qui n’a pas la même signification dans le reste de l’Italie (« femme d’un certain âge et exubérante»).
Cinquième étape : faire les courses bio
Dans la prison pour femmes de la Giudecca de Venise, découvrez un espace de 6.000 m² utilisé comme potager et appartenant au Convento delle Convertite. Baptisé “Orto delle Meraviglie” (Potager des merveilles), il est entretenu, à la main (sans machine, ni produit chimique), par une dizaine de détenues.
Certains Vénitiens l’ignorent mais les petites vieilles de la Giudecca font la queue, chaque jeudi matin, entre 9h et 10h, pour acheter leurs fruits et légumes bios, goûteux, sains (et moins chers qu’ailleurs!). Depuis juin 1997, près d’une trentaine de variété de fruits et légumes sont vendus sur les étalages, près de la prison. Et (sachez-le), il n’y en a pas pour tous, donc tâchez d’arriver les premiers !
La source
Thomas Jonglez : auteur de “Venezia, Isolita e Segreta“, un guide de voyage écrit par les habitants. L’ouvrage est publié en italien, anglais, français, espagnol et allemand. Ce sont 393 pages de curiosités, anecdotes, lieux et histoires inconnues – même des Vénitiens !
Crédits : corriere.it