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On a tous notre madeleine de Proust, je dirais même que l’on en a plusieurs…l’une des miennes est le parfum puissant des grains de café broyés qui embaumaient la minuscule cuisine de ma grand-mère.
Ce parfum suscitait en moi une sorte de réflexe de Pavlov. J’aidais toujours à débarrasser la table, sans y être obligée, car cela me permettait de me retrouver dans la cuisine à l’heure du café. Cette dernière – domaine de ma grand-mère à tout autre moment de la journée – devenait subitement le règne de mon grand-père tout à coup autorisé à s’y afférer. Il broyait le café, préparait la cafetière, sortait les tasses pour les adultes, que j’apportais dans la salle à manger, ainsi qu’une tasse plus grande dans laquelle il versait du sucre ; c’était elle ma tasse préférée.
Nous attendions ensuite que le café « monte » et à peine le sifflement se faisait entendre que cette première goutte de café se retrouvait dans la tasse avec du sucre. C’est alors que mon rôle devenait capital : munie d’une petite cuillère je devais, par de rapides mouvements circulaires, battre le sucre et le café afin d’obtenir une sorte de pâte épaisse qui était ensuite déposée dans les tasses afin de créer cette petite mousse onctueuse que les machines à expresso font aujourd’hui d’elles-mêmes. Bien entendu, il restait toujours un peu de pâte au fond de la tasse et c’est ainsi que j’apprivoisais le goût du café qui m’était interdit sous sa forme liquide.
Un jour, de passage à Rome, non loin du Panthéon, à proximité de la basilique Sant’Eustachio, je me suis retrouvée, par une chaude journée estivale, à me détourner d’un glacier qui m’attendait à bras ouverts, pour pousser la porte du café d’en face qui ne payait pas de mine : Sant’Eustachio il caffé.
L’endroit était petit, bruyant, l’odeur de café et de grains de cafés puissante. Perchés sur des estrades, derrière les comptoirs, les « adultes » s’afféraient. Je me suis tout à coup retrouvée toute petite, mais cette fois, j’avais le droit de le boire ce café : une mousse de sucre onctueuse, un goût puissant, une gorgée à peine, et le sentiment d’avoir bu le meilleur café du monde.
Les bras chargés de café moulu à offrir, je suis sortie de mon saut dans le temps avec l’étrange sentiment d’avoir goûté à un café défendu.
Et s’il est fort probable que votre madeleine vous attende ailleurs, je vous conseille quand même de pousser la porte de ce petit café qui ravit les papilles romaines depuis plus de 70 ans où le café ne se contente pas d’être délicieux, et d’embaumer votre valise.
Le Caffè Sant’Eustachio offre, tout un éventail de produits autour du café : des grains de café à torréfier (env. 22 € / kg) – certains sont même recouverts de chocolat noir ! -, des truffes et des caramels au café, une liqueur de mélange de café, et j’en passe !
Dans cette ancienne brûlerie de café, l’accent est mis sur la tradition et la qualité. On y utilise les meilleurs cafés de la tradition arabique que l’on torréfie avec une machine traditionnelle datant de 1948 ! Les grains de café sont issus du commerce équitable, achetés à des organisations no profit, comme l’organisation italienne, par exemple. Café bio à boire sur place ou grains à emporter, les mélanges secrets de Sant’Eustachio sont, aujourd’hui, devenus légendaires !
Sant’Eustachio Il Caffè
Piazza Sant’Eustachio, 82 – 00186 Roma
Ouvert tous les jours (sf 25 déc. et 15 août) de 8h30 à 1h (1:30 le vend. ; 2h le sam.)
Crédits photos : santeustachioilcaffe.it, italian-cooking-adventures.com